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de Milord Céton.

du malheur commun de la nation, il travailloit, de concert avec les autres seigneurs, sur les moyens de trouver quelque expédient, qui pût remédier à la perte qu’on venoit de faire. Il est vrai qu’il s’en étoit entièrement occupé, mais par un motif bien différent de celui que nous lui prêtions. Sa journée s’étoit passée à parcourir la cour & la ville, pour se faire écrire chez les personnes de sa connoissance : ce pénible exercice est d’usage chez les lunaires : on diroit qu’ils sont les neveux & les cousins germains de tous les grands de leur monde. Il faut nécessairement qu’ils ayent deux formules de compliment, un de félicitation & l’autre de condoléance. Semblables à un comédien qui joue plusieurs rôles dans une pièce, on les voit tristes ou gais, autant de fois que les différentes occasions le requièrent dans un même jour.

Le génie nous apprit que la mésintelligence des officiers généraux étoit cause de la perte de cette bataille, qui, loin d’agir de concert pour charger l’ennemi, s’étoient laissés surprendre dans leurs postes, chacun rejettant la faute de sa négligence sur celui duquel il envioit le poste. Mais loin de les punir d’une faute qui pouvoit mettre l’état à deux doigts de sa perte, on les a élevés à de nouveaux grades, en y joignant des pensions considérables. Voilà,