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de Milord Céton.

Hé bien, madame, que lui est-il arrivé ? Hélas ! elle est morte ! O dieux ! belle dame, la pauvre petite bête ! quelle folie elle a faite ! Pouvoit-elle jamais être mieux ? Ah ! je veux vous en donner une autre pour vous consoler. Tenez, belle dame, vous me voyez badiner ; sur mon honneur, je suis furieux : j’avois le plus beau perroquet du royaume, qui parloit aussi-bien qu’un de nos académiciens, qui faisoit toutes mes délices : mes gens l’ont laissé mourir ; ces faquins-là ne songent à rien ; c’est un fléau que les domestiques ; ils sont insolens, libertins, & se donnent les airs de nous contrefaire en tout. Je passe aux miens toutes leurs sottises, parce qu’ils sont grands, bien faits, qu’ils ont bon air & assez d’intelligence : j’aime à me voir environné de gens d’esprit qui me conçoivent du premier mot. D’ailleurs, lorsqu’on a plus d’une affaire, il faut conséquemment un garçon un peu entendu, pour qu’il puisse nous aider à penser, afin d’éviter les quiproquo qui pourroient exciter la jalousie des femmes qui s’attachent à un jeune-homme. Pour moi j’en suis excédé ; la duchesse de Nausica, qui, depuis huit jours, s’est passionnée pour quelques talens qu’on veut bien m’accorder, voudroit me tenir sans cesse auprès d’elle, & je suis contraint de céder à l’impatience qu’elle a de me faire