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de Milord Céton.

coces que Damon faisoit venir à grands frais. Tous les convives les vantèrent à l’envi ; ils les trouvèrent divins, parfaits, merveilleux, enchantés. Pour moi, j’en entamai plusieurs que je trouvai détestables, insipides & sans aucun goût.

Lorsqu’on fut aux vins mousseux, la joie commença à se développer, & nous vîmes tout à coup éclore un torrent de propos badins, de puérilités & de bagatelles qui ne signifient rien. De l’excès de licence qui régnoit dans leurs discours, ils passèrent à des récits de nouvelles fort intéressantes : on examina une boîte émaillée dans le dernier goût, remplie de tabac à la crême. On dit que le retour des officiers leur promettoit une ample moisson d’aventures.

À propos, dit une petite-maîtresse, savez-vous que la brillante mademoiselle Pomponet vient enfin de se marier avec ce gros sénateur qui a acheté le comté de Lourdaud ? On dit qu’il a donné à ce bec sépulcral pour cinquante mille écus de diamans qui sont de la première eau. Cette femme est, sans doute, très jolie, dit un jeune officier : il faut que je lui fasse ma cour. C’est une beauté de province, reprit une précieuse, sans ame ; un mélancolique assemblage de traits, qui peuvent être assez réguliers,