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Voyages

nombreuse compagnie qu’il avoit invitée à souper ; comme il étoit près d’onze heures lorsque nous rentrâmes, je crus d’abord que sa pétulence les lui avoit fait oublier ; mais j’appris bientôt qu’il étoit du bel air ou du bon ton, de ne se point trouver chez soi lorsque la compagnie arrive.

Le souper annoncé, chacun présenta la main à la dame qui lui plaisoit le plus, la conduisit dans la salle à manger, & se plaça sans façon à côté d’elle ; je suivis l’exemple, & me mis auprès de Monime ; la chère étoit délicate, servie en petits plats de tout ce qu’on avoit pu trouver de plus nouveau ; c’étoit des fricassées de Chérubins, accommodées au camailleu, de petites tortures à la sauce bleue, des huîtres vertes à la giroflée, des hirondelles aux pistaches, des escargots aux roses, de sauterelles au gratin, & que sais-je encore ? car je ne puis nombrer la prodigieuse quantité des plats qui furent servis avec une propreté qu’on trouva ravissante.

Au dessert, la table fut couverte d’un parterre entre-mêlé de châteaux, de forts, de bastions & de tourelles. Tous ces petits bâtimens étoient de sucre, chacun prit plaisir à les abattre & à s’en jetter les ruines. Ils furent remplacés par d’autres sur-tout, remplis de fruits pré-