Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/568

Cette page a été validée par deux contributeurs.
542
Voyages

oublie que sa naissance est un roc élevé, où il paroît à découvert, où l’on voit ses desseins & les secrets motifs qui le font agir, & où le public, juge impartial de ses actions, prononce impunément son arrêt ; le masque de la vertu ne trompe qu’un tems, sa pénétration le fait lire au fond des cœurs, & d’un air suprême il condamne tous les grands : dignités, richesses, honneurs, rien n’arrête sa censure ; leur éclat les décrie ; un faux pas les perd ; informé de tous leurs écarts, on les publie ; ses vertus sont effacées, & cette aurore brillante qui sembloit présager des jours fortunés, est bientôt éclipsée par la mauvaise politique. Il est peu de princes qui emportent au tombeau les regrets de la nation, dont ils ont mérité l’attachement au commencement de leur règne.

Le terme que Zachiel avoit accordé au roi & à la reine étant expiré, nous nous disposâmes à suivre le génie dans le cinquième ciel. Je ne rapporterai point la dernière conversation que nous eûmes en prenant congé de leurs majestés. Cette conversation peu suivie nous fit connoître la douleur qu’ils ressentoient de notre séparation, par la violence qu’ils se firent en consentant à notre départ. L’indifférence & la froideur trouvent aisément des paroles ; mais