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de Milord Céton.

le rendre plus agréable, notre jeune colonel se croit plus charmant qu’Adonis ; il part comme un éclair dans un char magnifique pour se faire admirer chez plusieurs femmes à qui il dit à chacune une épigramme sur toutes les autres, débite une histoire qu’il vient de composer & qui n’a pas le sens commun ; il entremêle sa conversation de quelques fades douceurs qu’il débite d’un air distrait ; prend une main, la baise, en regardant si ce baiser fait quelque impression ; proteste qu’il n’a jamais vu de femme aussi radieuse, s’interrompt, soupire machinalement, fait une révérence, & vole chez une autre répéter la même scène de cette comédie.

La beauté de Monime lui attira bientôt les hommages de tous les grands. Nous fûmes un jour visités par un de ces hommes que le hasard plaît à élever au-dessus de leur naissance : Doronte étoit son nom ; sa fortune étoit établie sous le règne du tyran, qui, de simple soldat, l’avoit élevé aux plus hautes dignités. Contraint de les abandonner sous le nouveau règne, il jouissoit néanmoins de certains honneurs & des immenses richesses dont Tracius l’avoit comblé ; mais plein d’orgueil & de fatuité, il méprisoit souverainement les personnes qu’il avoit connues dans sa médiocrité ; il