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de Milord Céton.

oublie tous ses exploits, ne voit plus que sa tyrannie, & le regarde comme un tigre altéré de sang. Avec des connoissances aussi étendues dans l’art militaire, vous méritiez, monsieur, de commander. Ces principes, reprit-il, n’ont jamais été goûtés de Tracius : trop plein de son orgueil, il ne prenoit conseil de personne ; c’est ce qui l’a conduit à sa perte. Le roi qui vous gouverne actuellement a toujours suivi exactement ces maximes ; il rend justice au mérite, & n’accorde les honneurs militaires qu’à ceux qui se sont distingués par des actions d’éclat, sans égard à la naissance. Je le sais, dit l’officier, mais je suis trop vieux à présent pour m’assujettir à faire ma cour ; je cède aux jeunes courtisans le précieux avantage de mériter ses bienfaits.

Pendant notre séjour à la cour nous y fûmes régalés de plusieurs fêtes galantes, où Monime fit briller ses graces & y captiva plus d’un cœur. Occupés le reste du tems à faire notre cour, à recevoir des visites, ou à en rendre, il est certain que nous n’eûmes pas le tems de nous ennuyer. Dans le nombre des galans de Monime, j’en remarquai un qui me parut plus assidu que les autres ; c’étoit un jeune colonel tout rempli de lui-même, qui tournoit mé-