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Voyages

rendis un jour dans le jardin. Je m’acostai d’un vieux militaire qui me parut rempli de bon-sens. Après quelques tours d’allée je lui demandai quelles étoient les loix des Belloniens. Nos loix, dit l’officier, se rapportent toutes à la guerre. Nos législateurs n’ont pour but que la victoire, c’est pourquoi ils nous recommandent de tenir toujours nos citoyens occupés à des exercices militaires, sans leur permetre de se livrer à aucune autre profession, sinon à ceux qui ont vieilli dans le métier des armes, & que la foiblesse de l’âge, ou les blessures qu’ils ont reçues, rendent incapables de servir. Ainsi, lorsque nous sommes en paix, ils doivent étudier avec la même diligence tous les moyens de faire la guerre avec avantage, en exécutant au moindre signal tous les ordres de celui qui les commande, car les troupes sont un corps dont le général est la tête ; il faut qu’il ranime ses efforts, puisque leurs destins sont commis à sa prudence & à son habileté, qu’il veille lorsqu’ils dorment. De lui seul dépend la sûreté des soldats. Il doit établir une bonne discipline, s’opposer aux cruautés. Tout général qui souffre le carnage, qui pille, ravage & permet les excès, eût-il conquis la moitié du monde, la voix des peuples contre lui réunie