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de Milord Ceton.

ensemble une longue conversation, dans laquelle la princesse fit briller la noblesse de ses sentimens, sa grandeur d’ame, l’étendue de son génie & ce courage qui l’avoit soutenue dans toutes ses adversités. Aricdef déjà prévenu en saveur de Marsine, prit dans ce premier entretien autant d’amour qu’elle desiroit de lui en inspirer.

Pendant que le prince & la princesse étoient occupés si agréablement, je me retirai avec Monime dans l’embrasure d’une croisée pour pouvoir nous parler plus librement. Nous nous dîmes tout ce que l’amitié peut inspirer de plus tendre à deux cœurs vraiment épris & qui ont passé long-tems sans se voir. Monime s’expliquoit avec cette énergie qui caractérise le sentiment d’une ame noble. Elle m’apprit tous les soins que Zachiel s’étoit donnés pour assurer le bonheur de Marsine. Le génie avoit fait plusieurs voyages à dessein de disposer les Belloniens à recevoir leur légitime souveraine ; & par une suite de ses soins ceux des sujets qui étoient restés fidelles à la princesse, & qui avoient été obligés d’errer çà & là dans divers royaumes, s’étoient rassemblés lorsqu’ils apprirent la mort du tyran Tracius, qui fut suivie de la défaite entière de son armée ; leur zèle les fit rechercher avec soin tous ceux que la crainte ou