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Voyages

sions, loin de ternir la gloire d’un illustre conquérant, ne lui sont offertes que pour la faire briller dans tout son éclat. Vous savez toutes les trahisons que le tyran a employées pour se rendre maître du royaume de Bellonie, qui appartient de droit à la princesse Marsine par la mort du roi son père.

Que prétendez-vous m’insinuer par ce discours, dit Aricdef en m’interrompant ? J’aurois voulu pouvoir être utile à cette infortunée princesse ; mais depuis la fuite du roi son pere, on a toujours ignoré le lieu de sa retraite ; je n’en ai jamais entendu parler : sans doute que ses malheurs l’auront précipitée dans le tombeau du roi son père. Non, seigneur, repris-je, elle est encore pleine de vie ; un déguisement la cache depuis long-tems aux injustes Belloniens ; elle vous est même connue ; ses rares qualités n’ont pu échapper à vos yeux, puisqu’elle a servi dans votre armée avec le même emploi que vous avez bien voulu m’accorder, & Marsine & le chevalier Meilly ne sont qu’une même personne ; vous savez quelle réputation elle s’est acquise sous ce nom. Dieux ! qu’entends-je, s’écria le prince d’un air extrêmement surpris ? Ai-je donc pu méconnoître si long-tems l’héritière du trône de Bellonie ? Il est vrai qu’un secret penchant m’a toujours porté à la distinguer