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de Milord Céton.

pas su se servir de leur avantage ni de leurs forces ; il donna des raisons si manifestes & si plausibles de son sentiment, que l’officier & le soldat en furent persuadés ; il les invita en suite de faire des propositions de paix.

Quel augure, poursuivit-il, devons-nous tirer du succès de nos forces & de notre courage, lorsque les plus braves de nos alliés viennent d’être vaincus & réduits à prendre honteusement la suite ? N’allons pas par notre obstination rallumer encore la colère du vainqueur dans l’incertitude du succès. Nous nous sommes laissé séduire par les pernicieux conseils de Tracius qui nous a entraînés par des vues d’ambition ; nous aurions dû faire plus de réflexion avant de prendre les armes contre un ennemi si dangereux, mais nous nous sommes livrés en aveugles aux mouvemens de notre courage. Vous n’ignorez pas que l’exil, l’ignominie & l’esclavage sont des maux inévitables pour des vaincus. Il faut céder à la fortune volage & demander la paix : tout m’invite à vous donner des conseils paisibles, eu égard à l’état où vous êtes réduits.

À peine le général eut-il fini son discours, que chacun applaudit à son conseil. Il fut regardé comme le soutien de sa patrie. Chaque soldat remit ses armes, casque, bouclier &