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Voyages

tranchant ; il brise le cimeterre de son adversaire, & du second coup lui fait dans le côté une profonde blessure : alors le bouclier de Tracius lui devint inutile, il plie, il recule en chancelant & donne enfin du genou en terre.

À cet aspect les Belloniens, frappés comme d’un coup de foudre, frémissent de rage & de désespoir à la vue de l’état humiliant de leur roi ; ses plus braves guerriers courent à son secours, le mettent sur leurs boucliers, l’emportent dans sa tente en gémissant sur leur malheur. En effet, quel funeste augure pour eux, mais quel triomphe pour nous ! Nos soldats poussent des cris de joie qui furent en même tems le signal du combat & le présage de la victoire.

Les Belloniens voulant venger la mort de leur roi, ne se tinrent pas dans l’inaction ; leurs cris affreux furent suivis d’une nouvelle attaque. Ce dernier combat représentoit l’image de l’enfer ; le fer & les flammes étinceloient de toutes parts ; ils combattoient tout blessés & tout sanglans comme des bêtes féroces que la vue de leur sang irrite, & que la crainte de la mort ne touche point. On entendoit les cris de joie des vainqueurs couvrir les plaintes des blessés & les gémissemens des mourans.