Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/540

Cette page a été validée par deux contributeurs.
514
Voyages

celantes des chariots belloniens mugissent par leur terrible choc. On voyoit une multitude de dards enflammés siffler épouvantablement dans les airs, couvrir de feux les deux armées ; & le bruit du canon, semblable à celui du tonnerre lorsqu’il gronde dans la nue, menace davantage ceux qui l’entendent de plus près.

Cependant nos troupes, animées par la présence d’Aricdef, savent toutes quand il faut s’avancer, tenir ferme, changer d’attaque, ouvrir ou serrer leurs files ; nul ne songe ni à la fuite ni à la retraite, nulle action ne marque la crainte, chacun s’emploie comme si son bras eût dû décider du sort de la victoire ; enfin on croyoit voir devant eux s’avancer le trépas des ennemis.

Cette bataille occupoit un champ immense ; la face de l’armée changeoit à tout moment, & la fortune paroissoit encore égale, lorsque Tracius, aveuglé par sa fureur & le ressentiment qu’il conservoit du mépris qu’Aricdef avoit fait de son alliance, s’avança avec cette audace que donne l’orgueil & la présomption ; il envisageoit déjà le prince comme enchaîné à son char.

Tremble, perfide, dit le tyran, des horreurs de cette funeste guerre qu’il n’a tenu qu’à toi de finir par des propositions avantageuses ;