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Voyage

Il fallut donc chasser toute cette infanterie, passer le ruisseau & la riviere qui étoit très-profonde, pour gagner ce défilé, au bout duquel on n’avoit pour se mettre en bataille qu’un terrein fort étroit qui alloit toujours en montant, & dans lequel on pouvoit mettre à peine six ou sept escadrons de front ; il est vrai que ce terrein s’élargissoit à une certaine distance, mais aussi on ne se trouvoit plus qu’à une portée de mousquet des ennemis. Comment pouvoit-on avoir l’audace d’aller former des lignes si près d’un camp dont les troupes étoient fraîches, reposées, & sortoient de bons quartiers d’hiver ; au lieu que les nôtres étoient extrêmement fatiguées d’une longue marche, sans aucun repos & sans équipages ; leur cavalerie étoit cuirassée, la nôtre n’avoit pas même de buffles ; enfin de tel côté qu’on envisageât leur armée, il est certain qu’elle avoit sur la nôtre non-seulement l’avantage de la situation, mais encore celui du nombre.

Toutes ces difficultés, loin d’arrêter le prince, ne firent qu’animer son courage ; nuls de ces avantages n’échappent à sa pénétration ; il les envisage tous, & en même tems les dangers où ses troupes seroient exposées s’il n’engageoit la bataille avant la jonction des