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de Milord Céton.

fallut enfin m’arracher d’auprès de Monime ; la présence du génie me forçoit à contraindre ma douleur, mais un air de tristesse se répandit sur mon visage ; mes discours confus & sans liaisons lui découvrirent bien mieux ce qui se passoit dans mon cœur que n’auroit pu faire l’éloquence la plus forte. Monime, dont le trouble égaloit le mien, malgré les efforts qu’elle faisoit pour tâcher de m’en dérober la connoissance, ne put néanmoins s’empêcher de me dire, en s’attendrissant beaucoup, qu’elle alloit renouveller ses vœux au ciel afin qu’il augmentât ma gloire & qu’il daignât conserver des jours auxquels les siens étoient attachés.

Zachiel, sans me permettre de répondre, m’entraîna pour me donner de nouvelles instructions. Vous allez, ajouta le génie, vous trouver dans une des plus glorieuses occasions de votre vie. Ne vous laissez jamais effrayer par le péril ; que le sang-froid & la prudence accompagnent toujours vos actions. Tâchez surtout, mon cher Céton, de ne vous point écarter d’Aricdef & de combattre à ses côtés ; suivez ses ordres ; que la fausse gloire ne vous empêche pas de demander les choses que vous ignorez ; songez que le général est revêtu de tout le pouvoir & de toute l’autorité de l’em-