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Voyages

des yeux languissans : je vous vois partir à regret, milord ; hélas ! vous allez acquérir de la gloire, tandis que je suis forcée de rester ensevelie sous le poids de mes peines. Il faut, madame, lui dis-je, vous servir utilement de ce courage qui jusqu’alors ne vous a point abandonnée ; la grandeur de votre ame doit vous mettre au-dessus des injustices de l’aveugle fortune. Vous m’avez souvent honoré de votre confiance ; je vous laisse avec un autre moi-même, qui, pénétrée de vos maux, emploiera tous ses soins pour vous aider à les supporter. J’ose encore joindre mes prières à celles de Monime, afin de vous déterminer à suivre les conseils de Zachiel ; si ses talens étoient connus de vous, je me persuade aisément que vous ne feriez nulle difficulté de le choisir pour le guide de toutes vos actions.

Cette princesse, qu’un desir de gloire & celui de la vengeance animoit, peut-être même celui de son amour, paroissoit absorbée par ses réflexions ; elle ne songeoit point à me répondre. Marsine n’ignoroit pas que la bataille qui devoit se donner étoit contre les Belloniens : l’espoir de rencontrer Tracius, auteur de tous ses maux, l’avantage de le combattre, l’espérance de le vaincre, sur-tout étant animée par le désespoir ; à ces raisons se joignit