Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/527

Cette page a été validée par deux contributeurs.
501
de Milord Céton.

Voilà, mon cher milord, un récit succinct des disgraces d’une princesse qui mérite par ses vertus, ses talens & la grandeur de son ame, un sort plus heureux. Sa beauté, quoiqu’un peu flétrie par ses ennuis, reprendra tout son éclat lorsque Zachiel aura accompli ses promesses. J’ignore quelles sont ses vues pour le bonheur de cette princesse, mais il lui assure que son destin va bientôt changer. Marsine a pour le génie toutes les déférences qui lui sont dues, cependant elle n’est point instruite de sa qualité ; persuadée que je tiens ma naissance de Zachiel, comme il ne se décore d’aucun titre, je la vois souvent embarrassée sur ceux qu’elle cherche à lui donner. Vous venez d’être le témoin de cet air d’autorité que le génie a employé pour l’engager à quitter son déguisement. Je sais que son dessein étoit de se rendre au camp, & de faire toutes choses pour tâcher de s’y distinguer au cas qu’il y eût une bataille, ou d’y finir sa triste destinée.

Pénétré des malheurs de cette princesse, je passai dans son cabinet avec Monime, pour lui offrir tous les services qui dépendroient de moi. Nous la trouvâmes dans son fauteuil, la tête appuyée sur une de ses mains, plongée dans une sombre rêverie ; elle leva sur nous