Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/526

Cette page a été validée par deux contributeurs.
500
Voyages

allumé son sang, est sans doute ce qui a occasionné la maladie qu’elle vient d’essuyer.

Quoique je ne la regardasse alors que comme un simple officier, il suffiroit qu’il fût votre ami pour m’intéresser à son sort. Je priai Zachiel de le visiter. Le génie connut d’abord le sujet de ses maux ; il prépara lui-même son esprit à se soulager en m’en faisant la confidence. Il me déclara son sexe, m’apprit une partie de ce que je viens de vous dire, & m’engagea de la voir souvent pour tâcher d’adoucir l’amertume de ses peines. Je m’y suis prêtée avec un soin extrême, & par cette complaisance, guidée par les conseils de Zachiel, je me suis acquis toute sa confiance, & n’ai pu en même tems lui refuser la mienne.

Hélas ! mon cher Céton, continua Monime, lorsque vous êtes venu nous surprendre, c’étoit dans un de ces momens où la raison plie souvent sous le poids de ses maux ; l’infortunée Marsine, dans un épanchement de cœur où l’ame se fait voir à découvert, paroissoit hors d’elle-même. Aussi troublée qu’elle de l’amertume de sa douleur, j’employai tout ce que peut l’amitié pour en modérer l’excès, persuadée que la communication des cœurs imprime à la tristesse je ne sais quoi de doux & de touchant qui est seul capable de calmer les plus grands maux.