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de Milord Céton.

ment du sujet de cette commission, apprit par l’écuyer du prince que le tyran Tracius faisoit offrir à son maître la princesse sa fille, avec l’assurance de l’associer à sa couronne, pourvu qu’il voulût dès-à-présent abandonner le parti des Marsiens & passer dans son armée pour combattre les Salliens & les Ancides, avec lesquels il vouloit rompre les traités d’alliance qu’ils avoient contractés.

Ce tyran jugeant des sentimens du prince par les siens, ne douta point que des propositions si magnifiques ne dussent éblouir Aricdef, & l’entraîner dans son parti. Mais ce prince, toujours inébranlable dans ses devoirs, loin de prêter l’oreille à un traité qui ne pouvoit s’accomplir que par une trahison, ne put s’empêcher de faire voir à l’envoyé de Tracius tout le mépris & l’indignation que de pareilles propositions excitèrent dans son ame : il le renvoya, en ajoutant que s’il avoit encore l’audace de reparoître dans son camp, il le feroit empaler.

Marsine, qui ignoroit entièrement la réponse d’Aricdef, fut désespérée des projets du tyran ; elle craignit qu’une paix générale ne contribuât à leur exécution ; le chagrin qu’elle en conçut la fit tomber dans une langueur qui altéra bientôt sa santé ; & l’esprit agité par tant de maux ayant