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de Milord Céton.

continuant son faux zèle envers le culte des dieux, fit ordonner des sacrifices afin de les appaiser.

Les choses ainsi disposées, le tyran fit encore répandre de nouveaux bruits fort désavantageux pour le roi, insinuant adroitement que l’ambition, la mauvaise conduite, les excessives dépenses de Bélus, & son peu d’amour pour ses sujets étoient des obstacles qui serviroient toujours de barrière à leur bonheur. Des discours aussi séditieux eurent tout le succès que Tracius en attendoit ; les troupes commencèrent par se mutiner, demandèrent leur solde & voulurent mettre bas les armes.

Tracius, profitant de ces désordres, leur distribue de l’argent ; & avec un faux zèle pour le bien de l’état, il court de rang en rang pour les encourager. Le soldat déjà gagné par ses libéralités, séduit par son éloquence & cet amour qu’il montroit pour le bien public, applaudit, & l’armée fut alors remplie d’un bruit sourd semblable à celui qu’on entend après une tempête, quand les antres des rochers conservent encore le bourdonnement des vents impétueux qui toute la nuit ont bouleversé la mer par leur sifflement enroué.

Tels furent les applaudissemens qu’ils don-