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Voyages

l’avoit sans doute engagé à se laisser battre en plusieurs rencontres ; mais voyant son crédit augmenter par ces pertes, cette même politique lui inspira de nouveaux projets, il commença à répandre ses richesses sur les soldats, affectant ensuite de n’avoir qu’une table très-médiocre, en se retranchant sur toutes ses dépenses. Cette conduite acheva de lui gagner le cœur des soldats.

Le tyran fit courir le bruit que plusieurs prodiges avoient paru dans le royaume : on dit que sur les frontières le ciel courroucé s’étoit montré couvert de feu, & que dans un jour tranquille & serein le soleil avoit paru tout rayonnant de flammes ; on ajouta que le tonnerre étoit tombé dans plusieurs endroits, entr’autres sur le temple de Mars, sur celui de Pallas, & que la statue d’Hercule avoit été renversée.

Tracius, qui en faisant courir ces bruits joignoit l’hypocrisie à la fourbe, affecta d’en être épouvanté. Les augures gagnés, qui furent consultés par ses ordres, répondirent qu’un grand essain de mouches guêpes avoit volé tout le jour dans la place, & qu’il s’étoit allé poser sur le temple d’Hercule ; on dit qu’il falloit visiter les livres des Sybiles pour tâcher de découvrir la cause de ces prodiges ; & Tracius