Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/518

Cette page a été validée par deux contributeurs.
492
Voyage

qu’il embarqua le roi dans plusieurs fausses démarches, dont il lui déguisoit les suites avec un soin extrême. Son esprit séduisant trouva encore le secret de lui faire envisager ses trahisons comme des services signalés. Funeste aveuglement d’un cœur séduit par le poison de la flatterie la plus outrée, qui malheureusement environne presque toujours le trône !

Le roi accoutumé aux adulations de ses courtisans, trop prévenu en faveur de son favori pour écouter aucunes plaintes contre lui, ne put appercevoir le précipice qui se creusoit insensiblement pour le perdre. Ce monarque ignoroit ce que peut l’amour des peuples pour son souverain ; il savoit l’art de vaincre ses ennemis, de conquérir des villes, mais il ignoroit entièrement celui de gagner les cœurs de ceux qu’il avoit conquis, qui est le plus grand avantage qu’un prince puisse retirer de ses victoires. Il étoit d’autant plus foible, qu’il se fioit trop en ses forces & en ses propres lumières, ou plutôt en celles de son favori.

Ces provinces nouvellement conquises ne tardèrent pas à se révolter ; & par les trahisons de Tracius, plusieurs autres villes des plus considérables suivirent leur exemple. On fut obligé de lever de nouvelles troupes pour