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de mes malheurs, pour justifier en quelque sorte un déguisement que l’austère sagesse dont vous faites profession auroit peut-être désapprouvé. D’ailleurs je m’étois promis de ne jamais révéler mon secret à personne. Lorsque les ordres du prince vous rappelèrent vers lui, je comptois vous rejoindre dans peu ; arrêtée par une grosse fièvre, je n’ai pu exécuter mon projet. Je dois le rétablissement de ma santé à la charmante Monime ; sa complaisance, ses soins, ses attentions, ses assiduités, & ce charme qui fait l’union des ames, m’ont enfin arraché à ce que je croyois avoir intérêt d’ensevelir éternellement dans un profond silence. Elle a payé ma confidence par un attachement sincère, & par l’aveu des sentimens de l’estime qui vous lient l’un à l’autre. Dispensez-moi, milord, de vous faire le récit de mes aventures ; je n’ai rien caché à la belle Monime ; je lui permets de vous faire part de mes secrets ; l’intérêt qu’elle prend à mes infortunes, les graces qu’elle met dans tout ce qu’elle dit, les rendront plus touchantes : ainsi j’ose me flatter que son récit me rétablira dans votre esprit.

La princesse Marsine se retira sans attendre ma réponse, en me laissant la liberté d’entretenir Monime. Après nous être dit tout ce que