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de Milord Céton.

levez-vous, l’amitié vous pardonne. Ah ! cet aveu remet le calme dans mon ame, dis-je en baisant avec transport cette main que je n’avois point quittée. Je conviens, reprit, Monime, que les apparences ont dû vous alarmer, n’étant point désabusé sur le sexe du prétendu chevalier, que vous avez toujours regardé comme un homme ; aussi n’ai-je pu supporter l’idée des soupçons que je me suis apperçu que la situation dans laquelle vous nous avez trouvées, présentoit à votre esprit.

Nous fûmes interrompus par la princesse Marsine, qui rentra après avoir repris les habits convenables à son sexe. Vous êtes sans doute surpris, milord, de ne retrouver en moi qu’une infortunée, à qui le sort a tout ravi. Vous m’avez vu combattre dans plusieurs rencontres avec quelque sorte d’avantage, qui m’ont attiré votre estime & votre amitié. Ne me faites point de reproches de ne vous avoir pas d’abord accordé toute ma confiance ; je sais que vous la méritez à tous égards, non-seulement par vos vertus, mais encore par mille services que j’ai reçus de vous en différentes occasions ; soyez persuadé néanmoins que je vous ai toujours distingué de tous les autres officiers : mais en vous apprenant ma naissance & mon sexe, il falloit vous instruire