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Voyages

vous devez chercher la gloire ; c’est trop long-tems vous déguiser ; il faut reprendre des habits convenables à votre sexe ; suivez mes conseils, & souffrez que Zerbine vous accompagne dans ce cabinet.

Ah ! mon cher Zachiel, m’écriai-je, de quels soins vous occupez-vous. Hélas, Monime se meurt. Le génie s’en approcha, & lui fit avaler une cuillerée d’élixir universel. J’étois à ses pieds ; je tenois une de ses mains que je mouillois de mes larmes. Elle ouvrit enfin les yeux ; les premiers regards furent sur moi ; ils étoient tendres ; leur langueur passa dans mon ame ; je me sentis anéantir par les reproches qu’ils sembloient me faire de mon emportement.

Est-il bien vrai, milord, dit Monime d’une voix encore mal assurée, que vous ayez pu me soupçonner ? Hélas ! mon cœur ne vous est donc pas encore connu ? Mais où est la princesse, c’est elle qui doit me justifier ? Vous n’en avez pas besoin, mon adorable Monime, vous l’avez été d’un seul mot de Zachiel. Mais qui me justifiera moi-même auprès de vous de mes injustes soupçons ? Me pardonnerez-vous un premier mouvement dont je n’ai pas été le maître ? C’est l’honneur qui fait mon crime ; c’est à lui de me juger. Eh bien, dit Monime,