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dit-il, que les Belloniens s’avancent dans le dessein de nous forcer jusques dans nos retranchemens ; mon devoir est de le prévenir, & je présume que la bataille sera sanglante ; ainsi je crois qu’il est inutile de vous recommander de ne point laisser échapper l’occasion de signaler votre courage ; je vous permets de vous rendre où vos affaires vous appellent, pourvu que vous soyez de retour au moment du départ, pour y remplir les devoirs de votre emploi.

Après avoir quitté le prince, je montai dans ma chaise, & courus toute la nuit, afin de pouvoir avancer les instans du bonheur que je me proposois. Quel plus doux charme y a-t-il dans le monde qui soit comparable à celui de l’union des cœurs ? Ah ! chère Monime, tu joins la vertu & l’innocence à l’amitié ; nulle crainte, nulle honte ne trouble ta félicité. Je suis sûr d’être aimé sans partage d’une sœur, la plus parfaite de toutes les femmes. Ces réflexions me faisoient jouir d’avance du plaisir de la surprendre.

J’arrive enfin sur les dix heures du matin. Je vole à l’appartement de Monime, où je pensai être pétrifié. Que vois-je, grand dieu ! le chevalier dans ses bras ; elle le tient serré, & semble le rassurer sur des craintes mal fondées ; elle l’embrasse ; je crois voir leurs soupirs se con-