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Voyages

qui pénétroit sans doute les motifs de sa tristesse, voulut bien, par condescendance pour le chevalier & pour Monime, faire naître chaque jour de nouvelles occasions d’amusemens & de dissipation.

À peine approchions-nous du doux retour de la saison des fleurs, que le prince Aricdef se préparoit déja à rassembler ses troupes. J’eus ordre de le joindre devant une ville frontière appartenante aux Belloniens, dont il vouloit faire le siège. Les ingénieurs arpentent tous les environs ; ils en font le plan ; on travaille à la tranchée ; on forme des chemins couverts ; & le prince, toujours actif, veille sur leur ouvrage ; il en voit les défauts, les corrige, saisit tout ce qui est à son avantage, les suit & les anime dans leurs travaux, presse le siège de cette ville avec ardeur, anime toutes ses troupes en leur faisant distribuer d’une liqueur forte, dont il buvoit quelquefois avec eux de cet air familier qui, mieux que les discours & les récompenses, fait passer souvent dans l’ame du soldat la noble ardeur qui anime le héros, qui semble s’être rendu leur compagnon. Les ennemis ne purent tenir contre la valeur & la vigilance d’Aricdef ; la ville fut prise, & il y entra en triomphe à la tête de ses troupes, reçut le serment de fidélité de la bourgeoisie, fortifia la place, & après y