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de Milord Céton.

qualités sont les apanages d’Aricdef, qu’il mérite à juste titre les louanges & l’admiration de tous les hommes ; la renommée qui les a publiées par toute la terre, m’a fait naître le desir de venir participer à sa gloire ; sans ce desir, mon cher milord, peut-être n’aurois-je jamais eu l’avantage de vous connoître. Un soupir accompagna ces dernières paroles, qui, jointes à celles qui les avoient précédées, me parurent renfermer un mystère impénétrable ; je n’osois en demander la raison au chevalier. Remarquant beaucoup de trouble & d’agitation dans ses yeux, j’en fus inquiet ; pour le distraire de sa mélancolie, je lui proposai d’aller faire notre cour à Monime.

Nous logions dans le même hôtel, & le chevalier ne passoit guères de jours sans voir Monime ; je crus même m’apercevoir du plaisir qu’il goûtoit à sa compagnie, par l’empressement qu’il montroit de se rendre auprès d’elle. Monime avoit aussi pour lui de ces complaisances distinguées, qui ne s’accordent qu’au vrai mérite. Le caractère du chevalier, doux sans fadeur, prévenant sans bassesse, joignoit à tous les dons qu’il avoit reçus de la nature, ceux qui dépendent d’une noble éducation ; il possédoit toutes sortes de talens ; mais il étoit naturellement porté à la mélancolie. Zachiel,