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forces ; d’ailleurs la ligue qu’ils ont faite avec les Belloniens m’a entièrement déterminé à passer au service des Marsiens.

Ne croyez pas pour cela, mon cher milord, poursuivit le chevalier, que l’ambition ni l’envie d’obtenir du prince un poste considérable m’ait attiré dans son armée ; je n’y suis conduit dans aucunes de ces vues, sinon celles de m’étourdir sur des malheurs qui m’accablent : oui, mon cher, je veux tâcher de vaincre cette fortune ennemie de mon bonheur & du repos de mes jours, qui, en me ravissant les honneurs dans lesquels je suis né, n’a pu encore me changer le cœur. De fortes raisons ne me permettent pas actuellement de m’ouvrir davantage avec vous ; qu’il vous suffise de savoir que ce n’est ni les dangers, ni les fatigues de la guerre qui m’en dégoûtent. Je suis d’une bonne constitution ; je me passe aisément de peu ; mais je crains la dépendance, & préférerai mille fois la mort, plutôt que de renoncer à ma liberté.

Je vous plains, mon cher chevalier, & n’ose pénétrer dans les raisons qui occasionnent vos dégoûts pour le service ; cependant je trouve que la guerre, malgré les désagrémens que vous venez de me représenter, a bien des avantages qui doivent les contrebalancer ; tous