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Voyage

Me promenant un jour avec cet aimable cavalier, après plusieurs propos vagues : que vous êtes heureux, dis-je, d’avoir commencé si jeune un métier qui vous a procuré souvent plus d’un moyen de vous signaler ! Il est vrai, dit le chevalier, que je suis entré au service de très-bonne heure ; mais, mon cher Milord, que voulez-vous que fasse un homme de condition que la fortune a pris, si je l’ose dire, à tâche d’humilier par les endroits les plus sensibles. On nous promet la campagne prochaine une bataille décisive : si je puis avoir le bonheur d’y acquérir quelque gloire ! mais que dis-je, hélas ! est-ce à moi d’oser m’en flatter ? Non, de quelque façon que tournent les choses, je me retire après cette action, & ne veux plus songer qu’a tâcher de me procurer un repos que depuis long-tems j’ai toujours inutilement cherché ; car il faut convenir, mon cher, qu’à moins d’avoir de grands emplois à l’armée, c’est un métier qui n’a guère d’attrait pour ceux qui s’en peuvent passer ; je ne puis regarder ce métier que comme une ressource pour de pauvres gentilshommes qui n’ont ni assez de bien ni assez d’autorité pour se faire considérer, & dont la plupart ne savent à quoi s’occuper. C’est assurément la profession la plus honnête qu’un homme