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de Milord Céton.

les plus habiles de vous instruire ; montrez leur de la douceur & de la docilité en écoutant leurs avis. Il faut néanmoins être sur vos gardes & vous persuader que les plus éclairés ne voient pas tout, & que les plus sages font souvent de grandes fautes lorsqu’ils ne suivent que leurs sens ou leurs préjugés ; mais sur-tout évitez de vous découvrir vis-à-vis de certains flatteurs qui se plaisent ordinairement à semer la division parmi les premiers officiers, afin d’indisposer les chefs & de profiter des désordres qu’ils font naître.

J’écoutois avidement les leçons du génie qui sembloient passer dans mon ame comme un ruisseau d’eau vive & pure qu’on voit couler entre des fleurs ; ma tendre Monime m’en parut aussi pénétrée de la plus vive reconnoissance. Jusqu’alors je n’avois encore rempli ma mémoire que de grands noms & de grands événemens, sans me donner le tems de faire aucune réflexion judicieuse. Cette conversation, ou pour mieux dire, les instructions du génie firent naître en moi ce desir ardent de prendre pour modèle de ma conduite les actions des hommes illustres, de profiter de leurs vertus, & d’éviter de tomber dans leurs vices.

Nous apprîmes, en arrivant chez les Marsiens, que leur général devoit partir le lendemain pour se rendre à la tête de ses troupes.