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de Milord Céton.

Monime, loin de s’opposer aux vues du génie, qui ne tendoient qu’à me rendre digne d’occuper un jour le rang qu’il me destinoit parut au contraire charmée de l’occasion qui se présentoit de me signaler par quelqu’action qui pût mériter l’approbation de Zachiel.

Pendant notre route je ne pus m’empêcher de soupirer en pensant que j’allois me séparer de Monime. D’où vient cet air triste, dit le génie ? Seriez-vous insensible au plaisir que doit goûter un grand cœur lorsqu’il s’agit d’acquérir de la gloire ? Pardonnez ce soupir dis-je, il ne part point d’un cœur pusillanime qui craint le danger ; mais ne puis-je rien donner à la douleur de me séparer de vous & de Monime ? Je n’ose, reprit Monime presque les larmes aux yeux, vous dire que je suis sensible à cette séparation, puisqu’elle est nécessaire à votre avancement.

Calmez-vous l’un & l’autre, dit Zachiel, la séparation ne sera pas longue ; il faut, mon cher Céton, montrer plus de force, & vous accoutumer insensiblement mon absence ; vous ne m’aurez pas toujours. Je ne vous conduis au milieu des dangers qu’afin de vous apprendre à ne pas prodiguer le sang des sujets. Le ciel vous a fait naître pour commander un jour, ainsi souvenez-vous qu’un bon général doit être le