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Voyage

pas plus braves que moi, jugez de-là quelles troupes on va opposer à des ennemis accoutumés depuis long-tems à vaincre. Je quittai ce jeune soldat après lui avoir donné ce que j’avois d’argent sur moi. Il me paroît, dit Monime que cette troupe de soldats n’ambitionne pas d’obtenir place dans le temple de la gloire ; j’aimerois autant mettre devant les ennemis la représentation d’une armée de carton, de même qu’on en met sur nos théâtres.

C’est-à-dire, dit Zachiel en souriant, que vous comparez les Marsiens à des essains de mouches qu’on peut épouvanter en leur présentant des figures grotesques ; mais savez-vous que les Marsiens sont les hommes les plus prudens de cette planète, les plus judicieux & les plus intrépides dans les dangers : tels sont, ma chère Monime, les ennemis des Belloniens ; c’est dans leur armée que je conduis Céton ; c’est-là où je veux qu’il fasse son apprentissage dans le métier de la guerre, sous le prince Aricdef, qui a le commandement général de l’armée qu’on envoie pour combattre celle de Tracius. Je dois présumer de l’élévation de vos sentimens, que vous n’apporterez aucun obstacle aux desseins que j’ai conçus afin de mettre Céton à portée de profiter de ses voyages.