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les peuples, il leur cache avec un soin cruel la plus grande partie des disgraces qu’il essuie de la fortune ; & malgré le nombre des troupes déjà sacrifiées dans plusieurs rencontres funestes, malgré l’épuisement d’hommes & de finances où il se voit réduit, rien ne peut l’arrêter.

Un vieux officier, avec lequel nous avions lié connoissance, nous assura que depuis longtems chaque pas qu’ils faisoient avoit toujours été marqué de leur sang, obligés d’aller chercher l’ennemi dans des pays arides & dévastés par le nombre de troupes qui y avoit déjà passé, & qui étoient accoutumées au pillage, à cause de la mauvaise discipline qu’on observe parmi les troupes. À ces difficultés on peut joindre la misère de nos soldats, mal payés, mal vêtus, mal entretenus, mal secourus dans leurs maladies par la frauduleuse conduite de nos entrepreneurs ; c’est là ce qui cause la désertion dans nos armées ; la plupart des soldats & même des officiers passent chez l’ennemi, & en grossissent d’autant plus le nombre ; tous ces mécontens se trouvent alors animés de leur propre vengeance. Peu satisfait de ce que nous venions d’apprendre, nous quittâmes cette ville pour continuer nos observations.

En avançant dans le pays, nous rencontrâ-