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de Milord Céton.

sarmer ni attendrir son fier courage, les forces m’ont manqué pour le suivre & mourir avec lui. Après ce peu de mots, suffoqué par sa douleur, ses genoux plient, il est prêt à tomber ; mais se ranimant par un dernier effort, il aborde le premier inconnu, le serre en soupirant dans ses bras : portez, lui dit-il, à mon fils ce dernier embrassement, dites-lui qu’il n’oublie jamais un père malheureux qui ne vivoit qu’en lui, & que son absence a réduit au désespoir. D’un autre côté, des amis empressés cherchent à procurer quelque secours à leurs amis. Ici on voyoit une jeune fille courir à grands pas vers la plaine, dans l’espoir d’y rencontrer le jeune guerrier qui lui a promis sa foi.

Arrivés à la ville, nous apprîmes le détail de cette bataille, où plus de trente mille hommes avoient péri. À ces fâcheuses nouvelles se joignit encore celle de la déroute entière de son armée navale. Tant de calamités réunies répandirent la consternation dans tous les cœurs. Il sembloit que de pareils revers auroient dû corriger Tracius, ou tout au moins modérer son ambition ; mais malgré tous ces fléaux, ce tyran ne put encore se résoudre à abandonner la témérité de ses folles entreprises. Insensible aux calamités de l’état, barbare envers