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Voyages

Ce monde est partagé, comme tous les autres, en différentes sectes. Quelques-uns mettent leur confiance dans des idoles qu’ils se fabriquent eux-mêmes ; d’autres adressent leur vœux à des divinités que la folle imagination de leurs anciens mithologiens ont fabriquées pour surprendre la bonne-foi des peuples que l’on ne sauroit guérir leurs préventions : mais tous les nobles & la plupart de leurs savans ne reconnoissent d’autre divinité que la nature, qu’ils regardent comme l’ame invisible du monde ; ils disent qu’elle a une vertu surnaturelle qui produit, qui arrange & qui conserve toutes les parties de l’univers.

Ces savans distinguent deux volontés dans la nature, dont l’une suppose le bien & l’autre le mal. Ils croient qu’il y a une espece d’équilibre qui fait que tout se balance & reste dans une proportion égale, & qu’il est absurde de penser qu’un être plein de bonté ait créé le monde, & que le pouvant remplir de toutes sortes de perfections, il ait voulu précisément faire le contraire. Mais raisonnez avec ces faux savans, demandez-leur ce que c’est que cette nature dont le terme paroît si vague, ils vous répondront que c’est un principe actif, un être économe qui règle toutes choses avec tant d’art que les biens ne sur-