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de Milord Céton.

c’est ce qui fait que les grands sont obligés de mettre du moins leur extérieur à l’unisson de celui de leurs compatriotes.

Les plus raisonnables d’entre leurs philosophes sont persuadés que le bien & le mal ne sont des choses vaines ou chimériques que l’opinion ait introduit. Le bien est, selon eux, ce qui augmente réellement le pouvoir qu’on a d’agir, & ce qui fait passer à une plus grande perfection ; le mal au contraire est ce qui diminue & ce qui affoibit ce même pouvoir. Que pouvoit donc offrir la nature de plus convenable à ces différentes vues, que d’y attacher le plaisir ? N’est-ce pas lui qui incline l’ame vers le bien avec d’autant plus de force que le bien est beaucoup plus desirable que le mal ? Que les hommes abusent du plaisir, qu’ils y courent en aveugles & sans aucun, ménagement, voilà leurs crimes. Mais la nature n’est-elle pas assez vengée de cet abus par les peines cuisantes qui en naissent, & par les remords encore plus terribles que les peines ? En général une des plus grandes obligations de l’homme est de veiller sans cesse à la sûreté & à la conservation de son être ; c’est un soin que la nature a gravé dans tous les cœurs, quoique persuadés que leurs jours sont comptés & que rien ne peut changer leur destinée.