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de Milord Céton.

leur pénétration ; ils sont pour ainsi dire renfermés dans les ténèbres de la politique humaine ; ils saisissent en aveugle tout ce qu’on leur présente ; ils s’arment de prétextes spécieux pour les embellir de raisons bonnes ou mauvaises, afin de trouver les moyens d’engager leurs alliés par des motifs d’ambition, ou des concessions chimériques, dont ils ne sont point avares ; mais les ruses qu’ils emploient retombent souvent sur eux-mêmes.

Pendant la route le génie nous instruisit de la religion & des mœurs des Marsiens. Leur façon de penser est libre, nous dit-il, tous les grands de ce monde préfèrent ce qu’ils imaginent à ce qu’ils ont vu ou appris ; tous leurs sentimens leur appartiennent ; ils pensent qu’en matière d’opinion on doit toujours suivre les plus douces, les plus modérées, & celles qui rendent à concilier les esprits & à entretenir le repos de la société.

Il n’y a rien de plus absurde, disent leurs prétendus philosophes, que de vouloir assujettir des êtres qui doivent être nécessairement heureux, pour les obliger à régler les sphères célestes, & à combiner tous les événemens qui arrivent sur la terre, d’en faire des dieux susceptibles de haine & de vengeance, qui se laissent fléchir par des larmes & des prières,