Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/484

Cette page a été validée par deux contributeurs.
458
Voyages

des réflexions inutiles. Ces derniers mots furent prononcés du ton le plus enjoué, en faisant une révérence qui annonçoit leur départ.

Surpris de voir tant d’ignorance dans un officier revêtu d’un poste éminent, je demandai à Zachiel si les autres officiers n’étoient pas plus instruits. Il ne faut pas, dit le génie, vous étonner de la vivacité des Saliens, non plus que de celle de tous les peuples qui habitent dans ce monde ; comme cette planète est beaucoup plus proche du soleil que les autres, les influences qui les dominent leur communiquent ce feu & cette pétulance qui les portent à agir très-souvent, sans se donner le tems de réfléchir.

Nous passâmes quelques jours dans cette ville, où nous vîmes régner la licence la plus effrénée ; les plaisirs, la bonne chère, le jeu, les spectacles, les concerts, les bals & les fêtes galantes étoient les seules occupations de tous les officiers ; leurs tables, toujours servies avec profusion, ne représentoient rien moins que les calamités d’une guerre, si toujours onéreuse aux peuples : mais pendant ces plaisirs & cette dissipation, les soldats misérables qui étoient campés aux environs de la ville, y exerçoient mille désordres, par la mauvaise discipline qu’on y observoit.