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de Milord Céton.

ment la carte du pays où ils alloient s’engager, le caractére des peuples qu’ils devoient attaquer, parce que je regardois ces connoissances comme très-utiles pour faciliter le passage de leurs troupes, se précautionner contre les ruses de l’ennemi, & éviter en même tems de donner dans les pièges qu’ils pouvoient leur tendre ; j’ajoutai que je pensois aussi qu’un bon officier devoit savoir le génie, les fortifications, la carte & les mathématiques, sur-tout la partie qui concerne l’art militaire.

Pas un mot de tout cela, répondit un de ces messieurs, en pirouettant sur la pointe du pied ; chez nous le courage & la valeur suppléent à tout. Mais, monsieur, la valeur qui n’est pas accompagnée de prudence & de sang-froid, devient un courage fougueux, qui regarde de loin le danger, & voudroit être aux prises dans le tems qu’il faut camper ; ainsi je ne regarde cette valeur que comme une fausse bravoure ou un courage fanfaron, au lieu qu’une grande ame, un génie pénétrant, un cœur intrépide, voit de près le péril sans en être épouvanté.

Il me paroît, dit ce jeune officier, que les hommes de votre pays sont bien phlegmatiques ; il faut espérer qu’un peu de nos usages pourront contribuer à bannir de votre esprit