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trême, lorsqu’au lieu de voir des hommes robustes & d’une figure martiale, elle ne vit en eux que de jeunes adonis, poudrés, pouponnés & peut être fardés ; car ils avoient le teint aussi apprêté que celui d’une femme qui a passé les trois quarts du jour à sa toilette. Ces demi-dieux en plumet, en talons rouges & en manchettes à double rang, ne sentoient nullement la poudre à canon ; ambrés de la tête aux pieds, ils parfumèrent tout l’appartement de Monime. Ces mignons du dieu Mars faisoient sans doute leur principale occupation de l’imiter dans ses amours, soumettant à la fortune ou au hasard le soin de leur gloire. Ils ne nous parlèrent que des faveurs qu’ils avoient reçues de leurs belles, que des fêtes dont ils les avoient régalées, de celles qu’ils se proposoient encore de donner dans la ville, & nous engagèrent Monime & moi d’y assister.

Ce début me donna une très-foible idée de la prudence & des talens de ces jeunes officiers ; cependant, curieux de m’instruire d’une profession dont je n’avois que la théorie, que j’espérois bientôt mettre en pratique, pour ne rien négliger, je leur fis plusieurs questions sur leur manière de combattre, & sur certaines règles que je croyois nécessaires : je leur demandai d’abord s’ils connoissoient parfaite-