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de Milord Ceton.

intéressantes pour des étrangers. Cette conversation ennuia tellement Monime, qu’elle en eut des vapeurs. Nous prîmes congé de notre hôte pour partir le lendemain au lever de l’aurore.

Zachiel nous conduisit dans l’empire des saliens, où le feu de la guerre étoit allumé de toutes parts. À l’approche d’une de leurs villes, nous fûmes obligés de passer au milieu d’un camp : les officiers, le casque en tête & couverts de leurs cuirasses, se préparoient à partir ; déja le mouvement des soldats formoit un nuage de poussière qui s’élevoit dans l’air ; déja les tambours, les fifres & les trompettes sonnoient la marche, lorsqu’un courrier arriva apportant un contre-ordre qui les arrêta.

Monime observant leurs mouvemens, parut d’abord déconcertée à l’aspect des fers de leurs piques hérissées, & à l’éclat brillant des armes qui éblouissoit les yeux ; saisie de crainte & de frayeur, elle supplia le génie, d’une voix tremblante, de la conduire dans quelqu’autre monde, ne pouvant supporter la vue de ces hommes qui sembloient ne respirer que la mort, le sang & le carnage. Vous verrai-je toujours en proie à d’indignes foiblesses, dit Zachiel d’un ton sévère, devez vous craindre quelque chose lorsque je vous accompagne ? Est-ce donc là le fruit que je dois attendre de mes soins & de ma com-