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de Milord Céton.

cours, je me souviens d’une lettre qu’il écrivit à un de ses généraux, par laquelle il lui marquoit que ses finances étoient dans un si pitoyable état, que depuis huit jours sa marmite étoit renversée ; que ses pourvoyeurs n’avoient pas le sol, & qu’il se trouvoit obligé d’aller manger chez les officiers de son armée.

J’aurois bien voulu que Zachiel ajoutât à ce récit un abrégé de la vie de quelques-uns de ces héros que je voyois rassemblés dans ce temple ; mais Monime, qui commençoit à se lasser d’un aussi long jeûne, nous assura qu’elle ne se sentoit point assez de force pour vouloir entreprendre de ressembler à ces grands personnages, & que ne pouvant imiter Henri IV dans ses belles actions, elle trouveroit encore assez de gloire à lui ressembler dans son humiliation, en allant demander à souper à quelque officier dont le tournebroche ne seroit pas démonté. Il fallut satisfaire Monime.

En sortant du temple nous rencontrâmes un grand nombre de troupes, dont les officiers, vêtus de différentes couleurs, portoient sur leurs drapeaux ou sur leurs enseignes l’emblême des batailles qu’ils avoient données. Sur les uns on voyoit la peinture d’une retraite honorable ; d’autres décrivoient une capitulation avantageuse ; ceux-ci, la conquête de toute une pro-