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Voyages

fit le roi des françois, que pour exécuter ce qu’acheva le romain. Scipion, appuyé de bonnes troupes, chassa Annibal d’Italie, rassura les romains épouvantés par la perte de la bataille de Cannes, & porta chez le Carthaginois les fureurs d’une guerre cruelle dont ils avoient peu avant embrâsé toute l’Italie ; enfin il délivra Rome de cette orgueilleuse & dangereuse rivale. Mais ce qui met la gloire d’Henri IV au dessus de celle de ce romain, c’est qu’à la tête de quelques soldats à demi nuds, sans argent & sans autre secours que son courage & son bon droit, il entreprend de recouvrer sa couronne, il est obligé de faire la conquête de son royaume usurpé par les ligueurs, par les espagnols & par d’autres encore plus redoutables. Malgré toutes ces oppositions, Henri IV vint à bout de ses desseins ; & après s’être rétabli sur le trône de ses pères, il fait trembler ces mêmes espagnols, qui, quelques années avant, joignoient le mépris à la présomption, & ne l’appelloient que le Béarnois. Vous voyez, mon cher Céton, que les affaires d’Henri IV étoient en bien plus mauvais ordre à la mort de son prédécesseur que celles des romains après la perte de la bataille de Cannes, puisqu’ils avoient au moins de l’argent & les moyens de rétablir leur armée ; mais loin que le roi des françois eût les mêmes se-