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de Milord Céton.

Ô dieux ! dit Monime à demi voix, que je me sens d’amitié pour ce héros ! c’est donc lui dont le souvenir se perpétuera éternellement de race en race chez les peuples aussi-bien que chez les grands & les souverains, qui se feront toujours gloire de le prendre pour modèle dans tout l’univers ? Mais dites-moi, mon cher Zachiel, je suis curieuse d’apprendre s’il sait combien sa mémoire est révérée chez toutes les nations de la terre & s’il jouit ici de cette renommée qu’il s’est si justement acquise. Je vous en donne ma parole, dit Zachiel, c’est ce qui fait sa récompense ; & la preuve que la divinité l’avoit créé dans un dégré éminent de supériorité d’esprit & de talens pour régner sur tous les hommes, c’est que ceux qui ont été les plus jaloux de sa gloire sont aujourd’hui forcés d’avouer qu’il méritoit seul de commander à tout l’univers, puisqu’on peut mettre Henri IV au-dessus des plus grands hommes qu’ait produit Rome dans sa plus haute élévation.

Je hais la flatterie & les fausses louanges, ajouta le génie, je n’applaudis jamais qu’au vrai mérite. Scipion l’Africain est, sans contredit, ce que Rome a produit de plus grand : cependant il a fallu à Henri IV beaucoup plus de force de génie, de grandeur d’ame & d’intrépidité, de courage, pour venir à bout de ce que