Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/468

Cette page a été validée par deux contributeurs.
442
Voyage

le roi Porsenna, prit congé du sénat, & me rendit dans son camp dans l’intention de le tuer ; mais comme je ne connoissois pas le roi, je me trompai, en prenant pour lui un de ses favoris, à qui j’ôtai la vie : je fus arrêté sur le champ & conduit devant le roi ; mais sans m’étonner d’aucune des menaces qu’il me fit pour avoir osé attenter à ses jours, je lui montrai le peu d’état que je faisois des plus cruels tourmens, en étendant ma main droite sur un brasier ardent, & je souffris constamment la douleur jusqu’à ce qu’elle fût entièrement brûlée. Porsenna, étonné de ma fermeté, ne put s’empêcher d’admirer mon grand courage, & me renvoya sans me faire aucun mal. Peu sensible à cette générosité, je lui déclarai que je n’étois pas le seul qui eût conspiré contre sa personne ; qu’il y avoit encore trois cens romains qui avoient juré sa mort : ce fut ce qui le détermina de faire une ligue avec les romains, redoutant leur intrépidité par l’exemple que je venois de lui en donner.

Vous me faites horreur, repris-je ; comment osez-vous vous vanter du plus noir de tous les attentats ? Sont-ce là vos beaux exploits ? Quoi ! après un lâche homicide, vous prétendez à l’immortalité ? Ce n’est point par des trahisons qu’on doit chercher à vaincre son ennemi. L’action dont vous voulez tirer vanité