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de Milord Ceton.

de lutter sans cesse contre l’impétuosité des vents qui souffloient sans relâche, pria le génie de nous faire passer dans un bâtiment qui étoit à droite. La voûte & les pilastres de ce bâtiment étoient de verre ; plusieurs colonnes de carton soutenoient cet édifice. Sur ces colonnes, noircies par la fumée, & agitées par les vents de même que dans l’autre bâtiment, étoient écrits les hauts faits des héros, tant anciens que modernes. Il est vrai que lorsque les vents viennent à souffler avec violence, plusieurs de ces colonnes en sont renversées ; & quoique les poëtes & les historiens gagés par l’état pour l’entretien de cet édifice emploient une attention extrême à le rétablir, néanmoins il arrive très-souvent, dans ces désordres, qu’ils oublient une infinité de héros, lesquels, par cette négligence, se trouvent frustrés de l’immortalité, malgré les soins qu’ils s’étoient donnés pour la mériter.

Nous vîmes plusieurs personnes se promener, qui nous parurent fort prévenues en leur faveur. Un de ces hommes s’approchant de moi me demanda si je n’étois pas nouvellement arrivé, & ce qu’on disoit de lui dans notre monde. Lorsque vous m’aurez appris votre nom, lui dis-je, peut-être pourrai-je répondre à la question que vous me faites. Je suis Mutius Scevola, noble romain, qui voyant ma ville assiégée par