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de Milord Céton.

il est en vert & jaune pour peindre le printems ; ce livre n’est semé que de fleurs & de mots brillans ; il est divin. Belle déesse, dit un homme d’un air langoureux, souffrez que je vous présente cette élégie : & moi ces épîtres, qui sont fort au-dessus de celles de Cicéron. D’autres apportèrent des odes, des rondeaux, des vaudevilles ; ceux-là demandoient très-peu d’argent. Mais il vint ensuite des historiens de grande réputation, qui nous offrirent les mêmes services, c’est-à-dire, de faire inscrire les plus beaux endroits de notre vie dans le livre d’airain qui ne s’efface jamais. Oh ! pour ceux-là, ils étoient très-chers.

Je fus d’abord tenté de me faire placer dans ce grand livre. L’écrivain commençoit déjà à tailler une plume fine, délicate & légère ; mais lorsque la main posée sur le papier, toute prête à y tracer mes hauts faits, il me demanda sous quel titre je prétendois m’annoncer ; j’avoue que cette question m’embarrassa ; je sentis intérieurement que je n’en méritois aucun. Après avoir rêvé un instant : donnez-moi celui que vous voudrez, repris-je ; peut-être que le hasard pourra vous faire rencontrer juste ; & si le zèle que je me sens pour les remplir peut suppléer au mérite, vous ne risquez rien.