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Voyages

Tous ces gens me font horreur, dit Monime ; je trouve qu’il répugne à la société des êtres raisonnables, que des sujets osent faire la loi à leurs maîtres, & qu’ils s’attribuent le privilège de leur infliger des peines, puisqu’un souverain n’est comptable de sa conduite qu’au tribunal de la divinité, & de quelque façon qu’il dispose de nos corps & de nos biens, on ne doit leur opposer que la soumission & l’obéissance ; ç’a toujours été ma façon de penser ; je la vois justifiée par ce nombre de traîtres, de tyrans & d’impies, qui, en cherchant la gloire & l’immortalité, n’ont trouvé que l’opprobre & le mépris. On diroit que la tyrannie est une espèce de rage, qu’on pousse souvent jusqu’à la dernière extrémité. Ah ! mon cher Zachiel, fuyons, ne nous amusons plus à contempler de pareils monstres.

J’y consens, dit Zachiel ; mais avant de nous éloigner, je veux que Céton regarde cet écueil, qui n’est guères affronté que par ceux de sa nation, & qui est funeste à plusieurs anglois : il se nomme le suicide. Croiriez-vous, mon cher, que la plus grande partie de tous ceux que vous voyez sont autant de vos compatriotes, qui ont été assez fous pour se donner la mort à eux-mêmes. Cette sorte de fureur est regardée en Angleterre comme une gran-