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Voyages

tations furent inutiles, il fallut partir. Après que Zachiel eut dissipé une partie de ses craintes, par des récits aussi amusans que singuliers, cette charmante personne se vit contrainte de vaincre sa répugnance, n’osant plus s’opposer ouvertement aux volontés du génie.

Notre voyage fut des plus gracieux ; les chemins étoient remplis de chaises de poste, d’équipages, de fourgons, de mulets, mais sur-tout de gens qui paroissoient les plus contens du monde. L’un disoit : voici une campagne qui va m’avancer jusqu’à la tête du régiment ; & si on me rend justice, j’ai tout lieu d’espérer une bonne pension & un gouvernement à la fin de la guerre. Le pays est gras, disoit l’autre ; nous allons y faire un riche butin. Plusieurs vouloient parier que la guerre seroit terminée par cette seule campagne : il n’est pas possible, disoient-ils, que les ennemis puissent encore se soutenir seulement deux mois ; tous marchoient enfin avec la plus grande confiance ; ils ne parloient que de places prises, de victoires remportées ; à les entendre, on eût dit que les villes s’avanceroient à leur rencontre, & les armées prendroient la fuite à la première nouvelle qu’ils auroient de leur approche.

Forcés de quitter cette route pour en prendre